L’allégorie de la grenouille utilise une observation supposée concernant le comportement d’une grenouille positionnée dans de l’eau chauffée pour illustrer un phénomène d’accoutumance progressive conduisant à ne pas réagir à une situation grave.
Selon cette fable si l’on plonge subitement une grenouille dans de l’eau chaude, elle s’échappe d’un bond ; alors que si on la plonge dans l’eau froide et qu’on porte très progressivement l’eau à ébullition, la grenouille s’engourdit ou s’habitue à la température pour finir ébouillantée.
Ce récit, presque entièrement fictif, insinue que lorsqu’un changement s’effectue d’une manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite ni réaction ni opposition ni révolte. Les phénomènes d’adaptation, généralement bénéfiques à l’individu et aux sociétés, se révèlent finalement nocif.
Cette allégorie illustre des phénomènes de prises d’habitudes se révélant dans des situations de crise récurrentes ou sous forme de continuum. En ce sens, elle est une variante psychologique de l’habituation.
L’allégorie de la grenouille est utilisée par Al Gore dans le film » Une vérité qui dérange » pour illustrer la manière dont l’humanité court à sa perte si elle ne réagit pas au lent réchauffement climatique de la planète.
Les origines de cette allégorie viennent de la littérature physiologique du XIXème siècle. Un article coécrit par G. Stanley Hall en 1887 parle de nombreuses expériences sur des grenouilles dans les années 1870 et 1880, dans l’objectif de tester la rapidité de réaction de leur système nerveux, le changement de température faisant partie de ces stimulateurs [1].
Une source de 1897 cite une expérience accomplie en 1882 à l’institut Johns-Hopkins : « Une grenouille vivante peut en fait être bouillie sans qu’elle bouge si l’eau est chauffée assez lentement ; dans une expérience, la température a été augmentée de 0.002°C. par seconde, et la grenouille fut retrouvée morte après 2 heures 30 sans avoir bougé » [2].
En 2002, le Dr. Victor H. Hutchison, professeur émérite de Zoologie à l’université d’Oklahoma, a réalisé des expériences pour confirmer ces écrits. Dans celles-ci, la température a été augmentée de 2°F. par minute (ou 0.019°C. par seconde), ce qui représente une augmentation 10 fois supérieure à celle des expériences de 1882[3] sur la grenouille plongée dans de l’eau portée lentement à ébullition. Résultats : la grenouille devient de plus en plus active et tente de s’échapper, en sautant peut-être si le conteneur lui permet. Le Dr H. Hutchison déclara : « La légende est complètement incorrecte » [4], [5], [6].
Le professeur Doug Melton du département de biologie de l’université de Harvard dit quant à lui que « Si on plonge une grenouille dans de l’eau bouillante, elle ne s’échappera pas. Elle mourra. Si on la met dans de l’eau froide, elle s’échappera avant qu’elle n’ait chaud — les grenouilles ne restent pas assises tranquillement pour vous. »[7]
Références